La semaine passée, ma brève vouait aux gémonies ces bourreaux de nos tympans, dont l’intellect, dit-on, serait proportionnel à la volupté qu’ils éprouvent à se vautrer dans une débauche « décibellienne » (cliquez ici). Si celui qui a découvert cette relation de cause à effet ne se trompe pas, que penser alors des responsables de l’acoustique dans les cinémas et à la télévision. Je pense en effet que, comme moi, vous aurez remarqué que, d’ambiance ou musical, le bruit de fond dans les films est devenu tel qu’il nuit de plus en plus à la bonne compréhension des dialogues.
Oui, je sais que les mauvaises langues en profiteront pour me faire remarquer que cela pourrait plutôt provenir d’une altération de l’acuité de mon sens auditif, tenant compte d’une accumulation d’années qui deviendrait… conséquente. Ce à quoi je répliquerais que, quel que soit la qualité de mon ouïe, quand je parle de ce problème à d’autres personnes, elles me confirment régulièrement être gênées par ces bruits de fond. Pourtant, en fonction de leur âge, certaines d’entre elles ne peuvent être suspectées d’être dur de la feuille. Je ne suis donc pas le seul dans le cas…
Le pire, c’est qu’aux moments les plus pathétiques du film, les réalisateurs ressentent ce besoin irrésistible d’en rajouter à l’effet visuel et lâchent la bride de leurs musiciens. Du coup, ceux-ci se ruent dans une véritable débauche de décibels dont le but avoué serait de nous rendre pantelants devant l’écran. Toutefois, le résultat est finalement de rendre incompréhensible le dialogue des acteurs.
Que faire dans ce cas? Si vous êtes devant votre TV et êtes l’heureux propriétaire d’un décodeur, pour ne rien perdre, vous pouvez toujours revenir en arrière afin de réécouter la séquence et essayer de comprendre le nom de l’assassin. Ou encore en arriver à faire défiler la scène au ralenti en essayant de lire sur les lèvres des acteurs. Malheureusement, cela ne fonctionne pas toujours !
C’est une des raisons pour laquelle je préfère personnellement voir ou revoir des anciens films, où la priorité était donnée à des dialogues, dont la qualité et la recherche était l’une des composantes principales du spectacle cinématographique. De l’Audiard dans la bouche d’un Gabin n’avait nul besoin d’un bruit de fond. Et si parfois, grâce à mon décodeur, je reviens en arrière pour repasser une réplique de Gabin dans « Le cave se rebiffe » ou « Un singe en hiver », par exemple, ce n’est pas parce que je ne les ai pas compris, c’est pour en jouir une fois de plus.
Mais que faire ? Les possibilités que nous offre à ce jour la technique devraient pourtant pouvoir nous permettre, tant pour les films que pour les événements sportifs, de les émettre chacun avec deux canaux différents. Pour les films, un canal pour l’image et le dialogue et l’autre pour les bruits de fond, et pour les événements sportifs, un canal pour l’image et le commentaire, et l’autre pour le bruit de fond. C’est certainement possible.
Rappelez-vous le scandale des « Vuvuzelas » en 2010 à la coupe du monde de football en Afrique du Sud et les controverses suscitées lors des retransmissions, quand le bruit de ces instruments rendait les commentaires inintelligibles. Bis repetita.
Jo
P.S. : A propos, il est fort possible en effet que mon ouïe ait pâti du poids des ans, mais je ferais remarquer qu’en vertu du fait que l’humain vit de plus en plus vieux, nous serons très vite une majorité de « durs de la feuille ». Et comme l’âge, qui nous éloigne de plus en plus des terrains de sports nous rapproche de plus en plus de nos postes TV, ces messieurs, pour qui les quotas d’audience sont essentiels, devront bien finir par tenir compte de ce problème…