Une brève de l'ami Jo : "Au pied de la lettre"
Cette semaine, l'ami Jo s'est amusé avec un exercice de style qui a pour thème le mot "pied" et toutes les expressions qui s'y rapportent (cela s'appelle aussi "jouer avec les pieds"). Il m'assure que ce mot apparaît 81 fois dans le texte ci-dessous (j'avoue que je n'ai pas vérifié!)...
"Ce matin, bien que sur pied de bonne heure, je me suis levé du pied gauche. Etait-ce à cause de ma mise à pied de la veille par ce directeur bête comme ses pieds ? Huit jours qu’il m’avait mis à pied, le salaud ! Il ne se mouchait pas du pied.
D’accord, je lui avais peut-être marché sur les pieds, et j’avais, probablement, aussi mis les pieds dans le plat me mettant sur le même pied que lui en osant porter le même costume pied de poule !
Mais était-ce une raison suffisante pour ce casse-pieds de me toiser ainsi, de la tête aux pieds, tapant du pied comme un va-nu-pieds, pour me faire comprendre qu’en nous mettant ainsi sur un pied d’égalité, je foulais du pied la sacro-sainte hiérarchie ? Voulais-je lui couper l’herbe sous le pied ?
Cette fois-ci, je m’étais bien pris les pieds dans le tapis. Pire, je m’étais tiré une balle dans le pied.
Je n’avais pourtant jamais voulu lui marcher sur les pieds moi, car c’était lui, en son temps, jouant les marchepieds, qui m’avait mis le pied à l’étrier m’aidant ainsi à partir du bon pied dans la vie. Il n’a pourtant pas eu besoin de faire des pieds et des mains pour me sanctionner, il lui suffisait seulement d’appliquer le règlement au pied de la lettre.
Je n’avais jamais connu telle situation, et je commençais à lâcher pied me retrouvant au pied du mur, pieds et poings liés et ne sachant sur quel pied danser. Pourtant je devais tout faire pour ne pas perdre pied et éviter à tous prix de sortir de cette histoire un pied dans la tombe et je devais prendre une décision, de suite, au pied levé.
Afin de retomber les pieds sur terre le plus vite possible, et après un pied de nez virtuel à mon directeur, je suis parti d’un pied léger quelques jours à la campagne dans le pied à terre, à deux pieds de la mer, que me proposait un copain pied noir à qui j’avais fait un pressant appel du pied. J’ai naturellement sauté à pieds joints sur l’occasion et, sitôt arrivé, j’ai pris mon pied, faisant du jogging (course à pied), et en prenant l’apéro les doigts de pieds en éventail... Le pied quoi !
Huit jours plus tard, pied à pied, j’étais remis sur pied. Mais hélas, il m’a fallu bien vite retomber pieds sur terre en réintégrant de plain-pied le monde du travail. Si je voulais cette fois repartir du bon pied se serait en regardant ou je mettais les pieds, sans plus jamais lâcher pied et surtout sans me laisser marcher sur les pieds.
Donc, fin prêt, sur pied de guerre, habillé de pied en cap, bichonné des pieds à la tête et bon pied bon œil, j’étais enfin à pied d’œuvre pour affronter ce directeur qui m’avait joué ce pied de cochon. Plutôt que de me risquer à lui faire du pied, je m’étais bien promis de donner un bon coup de pied dans la fourmilière et sans lâcher pied, de travailler d’arrache-pied sans plus jamais donner pied à la moindre critique.
Pourtant, bien qu’arrivé au boulot de pied-ferme, c’est sur la pointe des pieds que j’ai réintégré mon poste, me jurant de bien regarder ou j'allais mettre les pieds, d’éviter à tous prix les mesquins croche-pieds de ce directeur casse-pieds.
Et naturellement, à peine arrivé dans ce bureau, comme s'il m'avait épié, mon directeur me convoquait, espérant sans doute me voir me prosterner à ses pieds. C’est pourtant en trainant des pieds que je me suis rendu dans ce bureau ou je n’avais jamais mis les pieds.
Il m’a d’abord laissé faire le pied de grue pendant une bonne demi-heure, alors que j’aurais préféré être six pieds sous terre, puis, une fois devant lui, lui sur son piédestal, moi prosterné à ses pieds, j’ai commencé à m’emmêler les pieds, perdant pied définitivement, et faisant des pieds et des mains pour finir par m’excuser.
Je n’espérais plus qu’une chose, lever le pied au plus vite.
Ça m’aura fait les pieds.
Mais, j’arrête, je suis arrivé en pied de page."
Jo