Une brève de l'ami Jo : "Réfugiés" (20/09/2015)

44 voiture 3.jpgEn 1940, c’était nous qui étions des réfugiés. Moi, j’avais 7 ans. Mon père était "parti à la guerre" (il a été fait prisonnier et s'est évadé), et c’est la France qui nous accueillait.

Avec ma mère et mon petit frère, c'est avec mes grands-parents paternels que nous sommes partis dans la voiture de mon grand-père, une Citroën B14. (voir photo).

Il ne me reste que peu de souvenirs de notre exode à travers la France, mais ceux-ci ajoutés à ceux que ma mère nous a racontés, font que j'ai toujours bien en tête cette tranche de vie qui a certainement été celle de milliers de belges à cette époque.

Un des souvenirs qui est resté gravé dans ma mémoire, est celui de notre première étape, le soir du premier jour de ce que nous appelions déjà notre "évacuation".

La nuit commençait à tomber et la caravane commençait à se disloquer, les gens s'éparpillant, cherchant un endroit où passer la nuit.

wellin,commune,brève,ami,jo,simar,réfugié,exode,france,1940,belge,accueil,migrant,blog,sudinfo,sudpresse,la meuse,luxembourg,province,philippe,alexandreMa mère m'a raconté que dans les villages, les français étaient sur leur porte regardant passer cette transhumance de gens à pieds, en voiture, ou en charrette tirées par des chevaux.  Ils criaient vers nous pour nous proposer de nous abriter pour la nuit, certains dans leur maison, d'autres dans leur grange ou leur fenil.

La première nuit, je me rappelle que ma grand-mère était malade.  La petite dame âgée qui nous avait recueillis voulu absolument lui donner sa chambre et son lit tandis qu'elle a dormi dans le fauteuil de sa cuisine.

Avec mon grand-père et ma mère, nous avons dormi sur du foin, dans la soupente au-dessus des vaches. Avec mon frère, on s'amusait comme des fous.  Pensez donc : dormir dans du foin au-dessus des vaches, on n'aurait jamais espéré ça.

De tout le voyage, je ne me rappelle vraiment que de cette nuit-là, mais pour autant que je sache, tout le long de notre périple, qui nous a conduits jusqu'à Couiza, dans l'Aude, nous avons été accueillis de la même façon.

Mais ça, c'était il y a 75 ans… Comme les gens ont changé !

Jo

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